Histovery, la startup qui redéfinit l’expérience culturelle grâce à la réalité augmentée
La startup fondée par Bruno de Sa Moreira, qui a bénéficié pour son financement du fonds Tech & Touch déployé par Bpifrance et la French Touch, poursuit le développement de ses solutions en réalité augmentée pour les sites patrimoniaux. Elle renforce son expansion internationale, notamment aux Etats-Unis.
L’expérience muséale évolue et ne se limite plus aux dispositifs audios, ou aux cartels explicatifs. Les sites patrimoniaux peuvent désormais améliorer la satisfaction de leurs visiteurs en ajoutant une dimension interactive à leur visite, caractérisée par une participation directe via un dispositif ou une interface (souvent un écran tactile ou une tablette). Mais aussi une dimension immersive, qui vise à plonger le visiteur dans un environnement narratif impliquant des technologies comme la réalité virtuelle, ou la réalité augmentée.
Pour un musée ou un site d’intérêt historique, cette nouvelle approche de la visite culturelle, permet d’amener une narration vivante et marquante qui renforce l’engagement du visiteur. Également, de préférer à une pédagogie parfois perçue comme linéaire, descendante et statique, une pédagogie active, participative et engageante, qui joue un rôle clé dans la valorisation de la culture.
Histovery, entreprise pionnière dans les solutions de réalité augmentée pour le patrimoine et la culture
Concrètement, comment accompagner la digitalisation des institutions culturelles, et rendre les visites plus immersives, interactives, ludiques et conviviales ? Histovery répond à ces problématiques par deux types d’expériences : les tablettes in-situ (HistoPads) intégrant la réalité augmentée (« visites augmentées ») et les expositions itinérantes, intégrant elles aussi la réalité augmentée (« expositions augmentées »). La promesse d’Histovery : transformer l’expérience des visiteurs, des monuments emblématiques aux sites plus modestes.
Cette startup a été fondée en 2014 par Bruno de Sa Moreira et Edouard Lussan, tous deux passionnés d’histoire. Pour concevoir ses solutions, l’entreprise intègre un studio de développement d'expériences immersives en réalité augmentée.
L’HistoPad, l’outil qui modernise les lieux patrimoniaux et renforce l’engagement
Histovery propose actuellement son HistoPad, sa tablette interactive, à une vingtaine de musées et lieux du patrimoine en France, et à l’international (le Palais de la Conciergerie à Paris, la Citadelle de Dinant en Belgique, le Château de Colditz en Allemagne, le Château de Chambord dans le Loir-et-Cher, La Coupole d’Helfaut dans les Hauts-de-France…). « La quasi-totalité des visiteurs a la tablette en main lors du parcours classique de ces sites historiques. Mis à part au Château de Chambord et à Fort Alamo, au Texas, la tablette est systématiquement incluse dans le prix du billet », détaille Raphaël Marchou, directeur du développement chez Histovery.
Une fois en main, la tablette ouvre à un véritable voyage temporel. La personne qui la manipule a la possibilité de scanner des portes du temps, intégrées à la scénographie des lieux, et a ainsi accès à des contenus multimédias exclusifs, comme des reconstitutions de scènes historiques en 3D, à 360°, des scènes animées, des villes à explorer... Le contenu est disponible en plusieurs langues pour s’adapter à un public international, et peut tout aussi bien être apprécié par des personnes en situation de handicap (personnes malvoyantes, malentendantes, personnes à mobilité réduite, et autres handicaps). Pour l’institution avec laquelle le contrat est noué, Histovery garantit la mise à jour des contenus pour s’adapter à la scénographie physique du lieu ou aux nouvelles périodes de l’Histoire que l’établissement culturel souhaiterait mettre en avant. C’est l’assurance de ne pas se retrouver avec un dispositif numérique qui devienne rapidement obsolète.
« L’HistoPad invite à plonger dans le passé et à voir les pièces d’un monument telles qu’elles étaient à l’époque, de rencontrer de grands personnages historiques associés au lieu. Mais aussi de manipuler virtuellement les objets des collections, de les recontextualiser dans leur environnement historique et de mieux se les approprier que derrière une vitrine. Grâce à ce service et à cette technologie, qui améliorent le caractère pédagogique et ludique de la visite, on augmente la satisfaction des visiteurs, qui auparavant avaient du mal à imaginer à quoi pouvait ressembler le monument à l’époque », résume Raphaël Marchou, qui insiste sur l’ergonomie, la facilité d’utilisation et l’intuitivité de l’HistoPad, notamment pour les lieux patrimoniaux ayant toujours uniquement recours aux anciennes méthodes de médiation culturelle. Il indique de même un accroissement du temps de visite, un effet tout aussi positif sur la fréquentation et la fidélisation des lieux culturels qui en sont équipés.
Un exemple concret d’application de l’HistoPad : au Château de Colditz, en Saxe allemande, l’outil permet de raconter les tentatives d’évasion d’officiers alliés, où ils étaient faits prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale. Protégés par la convention de Genève, ces derniers avaient peu de risques d’être blessés ou tués en essayant de s’évader, et ont donc multiplié les tentatives, avec plus ou moins de réussite. Les visiteurs sont alors plongés dans des scènes, à plusieurs endroits du château, suivant les officiers via la tablette comme les suivrait une caméra, et assistent aux diverses initiatives d’évasion.
L’exposition augmentée, une innovation dans le secteur du tourisme culturel
Dans la configuration in situ, le dispositif est intégré au lieu toute l’année et permet d’interagir sur site. Mais la société fondée par Bruno De Sa Moreira développe aussi son service sous forme d’exposition itinérante. Ce format entièrement numérique, et inédit pour le tourisme culturel, vise à transformer l’expérience du visiteur en exposition, qui peut être déployée dans divers lieux tels que des musées ou monuments, ou des espaces d’exposition. L’exposition s’articule autour d’une scénographie légère ou modulable, intégrant des zones de projection, des bornes interactives et des décors minimalistes. Les Histopads sont également distribuées aux visiteurs via des stations dédiées, sans nécessiter la présence d’objets originaux sur site. Pour garantir la véracité historique des contenus, Histovery travaille avec un comité d’historiens, de conservateurs et d’experts, chargés de valider chaque reconstitution. L’exposition « Notre-Dame de Paris, l’exposition Augmentée », présentant 850 ans d’histoire de la célèbre cathédrale a ainsi voyagé dans 19 villes : de Washington D.C, à Séoul, de Shangaï à Londres, de Dubaï à Berlin…
Un succès à l’international, une expansion qui se poursuit
Fort de son succès à l’international (la start-up a commencé son internationalisation en 2019 au National Museum of the US Air Force, aussi appelé DDay Museum et situé à Riverside dans l’Ohio, avec une exposition augmentée visant à transporter les visiteurs au cœur de la bataille de Normandie en 1944), Histovery continue de nouer des liens, notamment avec des institutions américaines et a pour ambition de continuer de se développer sur ce marché (l’entreprise y a de ce fait ouvert une filiale).
Dans cette dynamique, les équipes d’Histovery sont aussi en cours de développement d’un certain nombre de contenus pour célébrer les 250 ans de la révolution américaine, dans le cadre d’une grande exposition qui aura lieu aux Etats-Unis (« American Revolution, the Augmented Exhibition » plongera les visiteurs entre 1767 et 1789 pour découvrir 15 événements marquants de la période historique menant à l’indépendance américaine. Prévue pour 2026, elle visitera 10 villes cette même année et continuera de voyager jusqu’en 2031 pour atteindre les 50 Etats). « Grâce à l’intelligence artificielle, nous y faisons parler des tableaux historiques, du Roi d’Angleterre Charles III, de Benjamin Franklin, ou de John Adams. S’il y avait un fort engouement pour Notre-Dame, la stratégie reste avant tout de proposer des sujets purement américains », explique Raphaël Marchou. Une bonne partie de ces contenus est d’ailleurs produit grâce à Unreal Engine 5, la société innovante utilisant volontiers des technologies issues du jeu vidéo pour les adapter au tourisme culturel.
Un début de stratégie d’implantation réussi pour Raphaël Marchou, rendu possible, entre autres, par la participation de Histovery au festival South by Southwest avec la délégation menée par Bpifrance et la French Touch. Cet événement annuel qui se tient chaque année à Austin, Texas, célèbre la convergence des industries créatives et de la tech, et est absolument incontournable pour les entreprises innovantes qui souhaitent comprendre ce marché, y nouer des liens commerciaux stratégiques avec des partenaires locaux et être accompagnés par des relais français sur place. « South by Southwest, il faut y être. C’est un lieu de rencontres et de discussion central dans un univers très dynamique, avec des prospects et d’autres entreprises. Lors de notre participation l’accompagnement a été très bon, sur mesure. Plutôt que d'y aller seul, l’avantage de la délégation est de créer beaucoup de liens entre les sociétés qui partent, qui restent très soudées sur place. Nous avons aussi participé aux programmes Cultur’Export USA et ICC Immersion Corée, qui sont eux aussi, très riches, très ciblés et intéressants pour nous », témoigne Raphaël Marchou.
L'entreprise Histovery a bénéficié du soutien du fonds Tech&Touch
Le fonds Tech & Touch, déployé par Bpifrance et la French Touch, est un fonds de capital amorçage et de capital risque destiné aux startups des industries culturelles et créatives. Financé dans le cadre du plan France 2030 et piloté par le Secrétariat général pour l'Investissement, en lien avec le Ministère de l'Economie et des Finances, le Ministère de la Culture, la Banque des Territoires et l'IFCIC, il investit dans des sociétés alliant créativité et innovation technologique. Il réalise des investissements directs minoritaires (Pré-Seed à Série C) dans des startups culturelles et créatives et des investissements indirects (fonds de fonds). Tech & Touch couvre divers secteurs culturels en France, incluant les enjeux de transformation et d'innovation tels que l'IA, la VR, la blockchain ou encore l'industrie 4.0.