La nature, éternelle muse, revient en force, mais en 2025, elle ne se contente plus d’inspirer, elle agit, elle performe, elle s’impose. Ce printemps encore, le vivant s’invite à tous les étages de la création. Le végétal n’est plus décor, il est moteur : le potager entre en défilé chez les maisons de mode, les arbres influencent la palette d’un peintre star, et la révélation du prochain Festival de Cannes pourrait bien avoir des pétales… Oui, un pissenlit. Ode au renouveau, ce « flower power » nouvelle génération irrigue tous les champs de l’art. Promenade sensible dans ces jardins d’idées.

Un film : les pissenlits de Momoko Seto

Où ? À la Semaine de la Critique, pendant le Festival de Cannes.

Pourquoi ? En clôture de la Semaine de la Critique, le 21 mai, il ne faudra pas manquer « Planètes », le film envoûtant de Momoko Seto, réalisatrice scientifique au CNRS. Sélectionné en compétition, ce conte écologique et sensoriel suit la trajectoire de quatre graines de pissenlit rescapées d’explosions nucléaires, en quête d’un sol fertile. Une odyssée vertigineuse dans un monde invisible à l’œil nu, où la matière vit, lutte et mute. À travers cette fable microscopique, Seto retrace aussi l’évolution géologique de la Terre, depuis l’ère glaciaire jusqu’à aujourd’hui, un présent où le sol, pourtant essentiel, semble relégué au dernier plan.

Une expo : Le bocage de David Hockney

Où ? La Fondation Louis Vuitton dans le Bois de Boulogne.

Pourquoi ? Si cette rétrospective, la plus vaste jamais consacrée à son œuvre, déploie un éventail de sujets, de ses piscines iconiques aux décors d’opéras (près de 400 toiles au total), le nouveau sujet de prédilection de David Hockney retient l’attention. Installé depuis quelques années en Normandie, le plus français des artistes britanniques a troqué les bleus californiens contre les verts moelleux du bocage. À 87 ans, toujours à la pointe, il capte sur son iPad le croquant des pommiers ou les ors d’un clair de lune. Pour nous faire aimer comme personne la nature normande… même sous la pluie. « Do remember they can’t cancel the Spring », jusqu’en septembre. Plus d’informations sur fondationlouisvuitton.fr

Un festival : L’art contemporain de Chaumont-sur-Loire

Où ? À Chaumont-sur-Loire, dans les jardins du château.

Pourquoi ? Il n’est pas de meilleur observatoire que ce rendez-vous annuel au bord de la Loire pour saisir la danse subtile entre art contemporain et nature. Avant même que ne s’ouvre son célèbre Festival des jardins, Chaumont-sur-Loire donne le ton avec sa « Saison d’art 2025 ». Seize artistes y ont été conviés, parmi eux Fabienne Verdier, Claire Trotignon, Yann Lacroix, Nicolas Alquin ou encore le duo G&K. Le domaine s’anime : peintures, dessins, vidéos et estampes investissent parc et château, en un joyeux essaim de créations. Une édition foisonnante, à butiner jusqu’en novembre. Plus d’informations sur domaine-chaumont.fr

Un poète : La poésie de Stéphane Mallarmé

Où ? Le Musée départemental Stéphane Mallarmé, à Vulaines-sur-Seine, en Ile-de-France.

Pourquoi ? Après un an et demi de silence, la Maison du poète rouvre grand ses volets ce mois de mai, sur les rives bruissantes de la Seine. Le lieu, baigné de lumière et de verdure, dévoile un parcours de visite enrichi, comme une nouvelle strophe à son histoire. C’est ici que Stéphane Mallarmé, l’auteur de « La Brise Marine », tomba amoureux du paysage : une demeure simple, enlacée d’un « jardinet tout fleuri de roses trémières », veillée par des fruitiers en liberté. Il y vécut plusieurs années, accueillant dans ce refuge bucolique ses amis de passage. L’exposition inaugurale, « Entre fleuve et fleurs », célèbre cet amour profond du poète pour la nature, entre clapotis du fleuve et bruissement des feuillages. Plus d’informations sur musee-mallarme.fr

Un hub : La Parcelle du 19M

Où ? Au 19 M, le quartier des métiers d’art Chanel, à la porte d’Aubervilliers.

Pourquoi ? Aux côtés des brodeurs, plumassiers, bottiers, gantiers et autres artisans d’exception installés au 19M, une nouvelle génération de résidents occupe les lieux depuis le printemps dernier : les vers du sol, hôtes discrets mais essentiels de la Parcelle - un jardin culturel sorti de terre il y a un an. Ce lieu hybride a depuis fleuri en ferme florale, potager nourricier, serre lumineuse et aire de jeux. Les 17 et 18 mai, place à la Grande Fête du Printemps : deux journées joyeuses pour fêter le vivant sous toutes ses formes. Et chaque dimanche, des ateliers pour s’initier aux savoir-faire verts : sérigraphie végétale, céramique organique… Plus d’informations sur le19m.com/parcelle