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L’Iconique Palme d’or, symbole du 7ème art entre glamour et légende

C’est la plus haute récompense du Festival de Cannes, accordée chaque année au meilleur film de la sélection officielle. Un symbole immuable de l’excellence cinématographique, qui consacre son récipiendaire et fait passer son œuvre à la postérité. Que vous soyez en pleine montée des marches, ou en train de débattre de qui succédera à Anora de Sean Baker : arrêtez tout ! La French Touch vous raconte l’histoire de l’Iconique Palme d’or.

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CANNES, FRANCE - MAY 13: Robert De Niro accepts the honorary Palme d'Or onstage during the opening ceremony at the 78th annual Cannes Film Festival at the Palais de Festival on May 13, 2025 in Cannes, France. (Photo by Pascal Le Segretain/Getty Images)

La Palme d’or, une référence directe aux armoiries de Cannes

Le légendaire trophée est attribué depuis 1955. Auparavant, depuis la première édition du rendez-vous cannois lancée officiellement en 1946 (le rendez-vous initial de 1939 ayant été annulé par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale), les lauréats recevaient le Grand Prix du Festival International du Film. Il s’agissait avant tout d’une distinction honorifique attribuée par le jury, et dont la forme matérielle variait d’une année à l’autre : il pouvait s’agir d’une statuette, ou d’un autre objet symbolique, réalisée par un artiste contemporain en vogue, et tout de même conçue pour l’occasion. Pas encore de palme en guise de récompense standardisée donc. Mais déjà un titre reconnu internationalement, une réelle distinction qui marquait l’excellence cinématographique. Et un symbole déjà étroitement associé à la ville de Cannes, puisqu’il apparaît sur les armoiries de la ville et fait aussi partie de sa devise, « Praemium palma victori », qui signifie « la palme appartient au vainqueur ». La légende raconte que Saint-Honorat aurait obtenu de Dieu la destruction des serpents venimeux qui infestaient l’Île de Lérins, grâce à un raz-de-marée dont il aurait survécu en montant dans un palmier, pour ne pas être emporté par les flots.

FT palme d'or armoiries

Le blason de la ville de Cannes : D'azur à la palme d'argent posée en barre, accompagnée de deux fleurs-de-lys d'or

Robert Favre le Bret, figure indissociable du Festival de Cannes à l’initiative de la Palme d’or

L’idée de la palme d’or comme trophée émerge en 1954 à l’initiative de Robert Favre le Bret (1904 – 1987), ancien journaliste français travaillant notamment à Paris Match, il s’occupait des questions artistiques et culturelles au Commissariat au tourisme lorsque lui a été confié le poste de secrétaire général pour la première édition du Festival de Cannes en 1946. Il en fût ensuite délégué général entre 1952 et 1972 - un des rôles clés de l’organisation et de gestion de l’événement – et président de 1972 à 1983. Robert Favre le Bret est une figure absolument indissociable du Festival de Cannes, qu’il aura fait naître et grandir dans l’envergure qu’on lui connaît, d’un rendez-vous d’amateurs réunissant 600 personnes et à gigantesque marché rassemblant 40 000 professionnels du cinéma et des visiteurs du monde entier. Il sut aussi étendre la manifestation, donnant par exemple carte blanche à l’Association française de la critique de cinéma pour qu’elle crée une nouvelle section : la Semaine de la critique.

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The jury members of the Cannes Film Festival pose on the terrace of the Palais des Festivals, 13th May 1977. From left to right, Maurice Bessy (1910 - 1993), G. Jacob, Carlos Fuentes, Roberto Rossellini (1906 - 1977), Benoite Groult, Marthe Keller, Jacques Demy (1931 - 1990), Pauline Kael (1919 - 2001), Anatole Dauman (1925 - 1998), festival director Robert Favre le Bret and writer Dr N'Sougan Agblemagnon. (Photo by Keystone/Hulton Archive/Getty Images)

Sûrement soucieux de conférer au Festival de Cannes une identité plus forte et reconnaissable - la Mostra de Venise avait son Lion, la Berlinale son Ours -, il propose d’utiliser la palme comme symbole de la plus haute récompense. Une idée qui fait l’unanimité et ne tarde pas à être mise en place : le Conseil d’Administration du Festival de Cannes lance un appel d’offre auprès de plusieurs joailliers de toute l’Europe. C’est la proposition de la peintre, graveuse et joaillière française Lucienne Lazon, qui sera retenue et utilisée dès 1955. La créatrice de bijoux, née à Cambrai, dans le Nord en 1910, avait déjà exposé ses travaux au musée des Arts décoratifs à Paris, et plusieurs critiques avaient déjà fait valoir l’intelligence de ses créations. Un trophée fût élaboré depuis son dessin : la Palme d’or voyait le jour ! Le premier film qui la remporte est une comédie romantique, Marty, de l’américain Delbert Mann, également récompensé l’année suivante aux Oscars.

La modernisation de la Palme d’or par le joaillier Chopard

De sa première utilisation en 1955, la Palme est utilisée pendant dix ans, récompensant entre autres Marcel Camus pour Orfeu Negro en 1959, Luis Buñuel pour Viridiana en 1961, ou encore Luchino Visconti pour Le Guépard, en 1963… mais en 1964, le prestigieux trophée est abandonné, par manque de moyens. Les dix années suivantes sont donc marquées par le retour du certes moins iconique Grand Prix du Festival International du Film : pas de palme donc, pour Claude Lelouche, lauréat pour Un homme et une femme en 1966. Ni pour Francis Ford Coppola, pour Conversation en 1974. La distinction fait son grand retour en 1975, dans un écrin en cuir rouge capitonné de daim blanc. Quelques années plus tard, en 1982, elle fera même son apparition sur l’affiche officielle sous forme de logo, renforçant un peu plus encore son lien avec le festival et l’imaginaire qui lui est associé.

En 1998, notre iconique Palme d’or entre dans une nouvelle ère et prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui, sur son coussin de cristal rectangulaire biseauté, sublimant une palme à 19 feuilles laquée d’or jaune. Sa création et sa réalisation sont confiées à la mythique maison de joaillerie suisse Chopard, sous la présidence de Pierre Viot et la direction artistique de Caroline Scheufele. Une véritable prouesse de joaillerie qui se déroule dans les ateliers Chopard, au cœur de la manufacture de Meyrin, près de Genève, en Suisse - chaque palme, fabriquée à la main, demande 40 heures de travail et l’intervention de sept artisans, et l’or utilisé est certifié éco-responsable depuis 2014 (Fairmined, dans le cadre du programme The Journey lancé par Chopard en 2013 visant à promouvoir une industrie du luxe plus éthique et responsable). C’est le grec Theo Angelopoulos qui en sera le premier lauréat, pour son film L’Eternité et Un Jour en 1998… jusqu’à Sean Baker en 2024 pour Anora. Et, cela ne vous aura pas échappé, à un certain Robert De Niro pour l’ensemble de sa carrière, en ouverture d’un 78ème Festival de Cannes qui promet de continuer de nous éblouir.

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CANNES, FRANCE - MAY 13: Robert De Niro (R) accepts the honorary Palme d'Or from Leonardo DiCaprio onstage during the opening ceremony at the 78th annual Cannes Film Festival at the Palais de Festival on May 13, 2025 in Cannes, France. (Photo by Andreas Rentz/Getty Images)

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