Cofondée par le fabricant de tissus Les Tissages de Charlieu et le spécialiste de la collecte de vêtements Synergies TLC, Nouvelles Fibres Textiles dispose d’une ligne automatisée de tri de pièces de textile en fin de vie, par couleur et par composition. Antoine Saint-Pierre, directeur associé des Tissages de Charlieu, présente à la French Touch les enjeux de la start-up et plus globalement du recyclage du textile.

« On est capable de récupérer les produits en fin de vie pour les recycler et les réintégrer dans la production future du client », présente Antoine Saint-Pierre, directeur associé des Tissages de Charlieu, à propos de l’usine de tri Nouvelles Fibres Textiles.

Créé en 1902, le producteur ligérien de tissus créatifs et techniques Les Tissages de Charlieu a cofondé avec le spécialiste de la collecte de vêtements Synergies TLC une ligne automatisée de tri des vêtements en fin de vie, à la fois par couleur et par composition, appelée Nouvelles Fibres Textiles. Basée à Amplepuis (Rhône-Alpes) et en fonctionnement depuis janvier 2024, l’usine pilote aiguille des déchets textiles vers des filières de recyclage chimique, mécanique ou thermomécanique, pour les revaloriser en matière première dans des circuits de production standard. « En qualifiant ces déchets, on leur donne une valeur tout en sachant vers quelle filière de recyclage les orienter », pointe Antoine Saint-Pierre.

Pour le directeur, cette plateforme « unique au monde apporte de la nouveauté dans l’économie circulaire textile en France et dans le monde, et fait de l’Hexagone un pays pionnier sur le recyclage textile. »

Nouvelles Fibres Textiles compte gérer 100 000 tonnes de déchets textiles dans les 5 ans

Si la capacité de traitement de cette usine pilote est limitée à 500 tonnes de déchets par an, Nouvelles Fibres Textiles a pour ambition de lancer en 2025 une deuxième ligne automatisée d’une capacité industrielle de 30 000. « L’objectif est de gérer 100 000 tonnes dans les 5 ans, ce qui pourrait créer jusqu’à 100 000 emplois sur le territoire et une réduction de l’empreinte carbone textile française de 15 % ! » déclare Antoine Saint-Pierre.

25 % des textiles en fin de vie sont collectés, triés et recyclés chaque année en France

Selon le directeur associé, entre 800 000 et un million de tonnes de textile sont consommées par an en France, tonnes qui sont non utilisées et stockées chez soi, jetées, brûlées ou, au mieux, collectées. « Aujourd’hui, environ 25 % de nos textiles en fin de vie sont collectés, triés manuellement et recyclés, dont la grande majorité est envoyée et revendue en Afrique, en Inde, au Pakistan », explique Antoine Saint-Pierre. L’ambition des Nouvelles Fibres Textiles est de « représenter environ 20 % de la collecte et du recyclage des textiles en France dans les 3, 4 prochaines années. »
Le tri manuel permet d’enlever les perturbateurs au recyclage, comme les pièces métalliques laissées dans les poches, zip, boutons… « Il n’y aura pas de tri automatisé sans un bon tri manuel, opéré par des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Les deux activités sont liées et complémentaires », prévient Antoine Saint-Pierre.

Coton, polycoton et polyester sont triés par Nouvelles Fibres Textiles

« Pour l’instant notre usine trie le coton, le polycoton (toile constituée d’un mélange de coton et de polyester, ndlr) et le polyester, soit l’immense majorité de ce que l’on consomme et retrouve dans la collecte », explique Antoine Saint-Pierre. Les machines de tri de Nouvelles Fibres Textiles ne détectent pas toutes les matières, mais l’entreprise y travaille. « On est aussi en phase de développement pour affiner le pourcentage de composition », ajoute le dirigeant.

Pour Antoine Saint-Pierre, il est possible de récupérer quasiment 100 % d’un vêtement en coton. L’intérêt de Nouvelles Fibres Textiles est d’aiguiller cette matière en fonction de sa constitution. « On va orienter du coton de qualité pour refaire un textile, tandis que le moins qualitatif ira dans l’isolation de bâtiment, pour l’automobile, ou subira un recyclage chimique cellulosique » (isoler la cellulose pour la récupérer sous forme de pulpe cellulosique, utilisée pour fabriquer de nouvelles fibres artificielles cellulosiques, ndlr).

Prêt à porter, vêtements de travail… des clients et fournisseurs variés

« Nos matières recyclées sont aussi solides que celles d’origine ! » insiste Antoine Saint-Pierre. Nouvelles Fibres Textiles est capable de récupérer ses propres déchets textiles mais aussi ceux de ses clients pour les revaloriser, que ce soit pour leur production ou pour la sienne. La start-up travaille avec des enseignes diverses, recyclant du prêt-à-porter comme des uniformes de travail.

« Le Groupe SNCF nous a confié ses vêtements professionnels en fin de vie, qu’on a recyclés, puis transformés en matières textiles recyclées. » Pour Nouvelles Fibres Textiles, se fournir chez ses clients permet d’étudier avec eux le réemploi des textiles directement collectés, que ce soit pour une même utilisation ou non. La jeune pousse propose également une revalorisation sous forme de packaging qui rencontre un succès important. « Il n’y a pas un déchet textile qui n’est pas revalorisé », conclut fièrement l’entrepreneur.