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Quand le design mène par le bout du nez

Le design s’exprime désormais aussi par l’odorat, convoqué pour éveiller émotions, souvenirs, sensations. Hôtels, boutiques et musées explorent le design olfactif, nouvel outil des créateurs et des marques.

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FT design olfactif PDW sully

Le design n’a plus de frontières. La preuve, il s’invite même, par le biais de l’odorat, dans l’intimité de nos cerveaux. La puissance des odeurs joue un rôle de plus en plus important dans notre environnement, déjà saturé de couleurs, de matières, de sons… À l’hôtel, au restaurant, dans une voiture ou une boutique et même dans certains lieux publics comme les musées, créateurs, maisons de luxe et équipes marketing l’ont bien compris et ont appris à jouer sur les ressorts du design olfactif, nouveau métier dans l’air du temps. Pour provoquer une émotion, éveiller un sentiment, convoquer un souvenir, restituer un patrimoine disparu, ouvrir l’appétit, transmettre un message ou tout simplement faire que l’on se sente bien dans un lieu et donner envie de revenir. Dites-moi quelle fragrance vous humez, je vous dirai d’où vous venez ! Pour autant, est-ce si facile de nous mener par le bout du nez ? Pas forcément. De nos cinq sens, l’odorat serait en effet le plus difficile à satisfaire. Quatre exemples grandeur nature.

 

1/ Voyager dans le temps à l’Hôtel de la Marine

Les appartements des Intendants du Garde-meuble de la Couronne sont déjà une splendeur. Au raffinement des lieux, des logements du XVIIIème siècle, merveilleusement bien restaurés, où excellait la pratique des Arts décoratifs, s’ajoute désormais la délicatesse d’une création olfactive.
Le parcours « Odoramento » prend la forme d’une installation signée Chantal Sanier. La créatrice et scénographe a imaginé six discrètes sculptures en cire froide disséminées de pièce en pièce. De l’antichambre au cabinet de travail, de la salle de bain à la chambre, une série d’assemblages de patchouli, de bergamote, d’ylang, de menthe ou encore de vanille nous guide sensiblement dans les arcanes de l’histoire des lieux.

FT design olfactif hôtel de la marine

2/ Prendre le large au Musée de la Marine

Fermez les yeux et pour peu vous entendrez le cri des mouettes ! Bienvenu au nouveau musée national de la Marine qui a rouvert ses portes en 2023. Les embruns iodés du bord de mer, le vent frais du grand large, la peau salée sur la plage… Vous y êtes complètement ? Ceci est grâce à Nathalie Lorson, l’un des maîtres parfumeur de Firmenich, chargée de créer, pour le musée, une identité olfactive en lien avec la mer. La fragrance baptisée « Sillage de mer » a été composée d’algues (origines françaises) associées à des matières synthétiques dont certaines issues de la chimie verte.

3/ S’encanailler à l’Hôtel Costes

Le design olfactif en son royaume ! Du Costes au Park Hyatt Paris, en passant par le Ritz ou le Connaught à Londres, l’hôtellerie de luxe a su, bien avant d’autres domaines de l’art de vivre, exploiter le pouvoir inconscient du parfum d’intérieur. Dès le début des années 2000, le cinq étoiles de la rue de Castiglione s’est doté pour ses espaces communs, et surtout son hall, d’une signature olfactive imaginée par le nez Olivia Giacobetti. Le brief initial : « créer une odeur qui patinerait le lieu, inspirée d’un meuble Ming en bois de fer d’où s’échappent des vapeurs de liqueurs, de tabac blond et de pierre humide ». Résultat : un mélange de bois ciré, rhum, acajou, écorces d’orange amère, paprika et mouse de chêne, qui n’a rien perdu de son aura envoûtante.

 

4/ Se relâcher à l’Hôtel de Sully

Pour la deuxième année consécutive, le duo formé par Alexandre Isaïe (parfumeur et historien) et Lucas Huillet (designer et céramiste) proposait, à l’occasion de la Paris Design Week, une expérience mêlant leurs deux univers. Leur installation, baptisée « Folie » en référence à ces pavillons d’agrément où l’on se laissait jadis aller à la rêverie, occupait la terrasse de l’Hôtel de Sully : deux divans y invitaient les visiteurs à s’allonger, à se détendre et à éveiller leur sens. Comme dans leur précédent succès « Eau Fraîche », les parfums jouaient un rôle central. Conçus cette fois pour favoriser la confiance sociale, ils associaient des essences et molécules reconnues pour leurs vertus relaxantes, encourageant à lâcher prise et à ralentir, dans l’esprit des réflexions du philosophe Hartmut Rosa sur l’accélération contemporaine.

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