Comme chaque début d’automne, Paris se transforme en podium géant de la mode et du luxe. Mais, cette année, la Fashion Week prend une tournure historique. Après un printemps marqué par un jeu de chaises musicales spectaculaire, presque toutes les grandes maisons, de Chanel à Dior, de Gucci à Celine ou encore Balenciaga, entament une nouvelle ère. Nouveaux directeurs artistiques, premier show et gros enjeux… S’ensuit un programme au rythme effréné. Prêts pour le grand show ?

Dior, le pari Anderson

Top départ mercredi 1er : Jonathan Anderson entre dans l’arène Dior. Après avoir électrisé les Invalides en juin avec son premier défilé Homme, « l’agent provocateur » de la mode attaque le prêt-à-porter féminin. Réinvention totale ou continuité assumée ? Le suspense sera à son comble. Fort de son triomphe chez Loewe (de 2013 à 2025), l’Irlandais de 41 ans débarque avec la mission de conjuguer modernité et héritage couture. Entre tweed, volumes architecturaux et élégance intemporelle, chaque détail sera disséqué. Verdict attendu mercredi : Anderson réécrira-t-il la femme Dior ?

Jonathan Anderson (Photo by Dia Dipasupil/Getty Images)

Mugler : le virtuose Miguel Castro Freitas

Le lendemain, jeudi 2 octobre, ce sera le grand saut pour Miguel Castro Freitas. Inconnu du grand public, mais fort de vingt ans passés dans l’ombre des grands (Galliano et Simons chez Dior, Pilati chez Saint Laurent, Elbaz chez Lanvin, Simons chez Dior…), le Portugais de 47 ans prend les rênes de Mugler. Un pari audacieux pour l’actionnaire L’Oréal, qui mise sur ce tailleur virtuose, pour écrire un nouveau chapitre après le règne flamboyant de Casey Cadwallader, chouchou des stars (de Beyonce à Dua Lipa) et de la Gen Z. Héritier d’une maison mythique faite de « power shoulders », de shows-spectacles et d’inclusivité, il lui faudra trouver l’équilibre entre respect du patrimoine et volonté de réinvention.

Miguel Castro Freitas

Loewe : un duo de chic

Vendredi 3 octobre, Loewe tourne la page avec le premier défilé de Jack McCollough et Lazaro Hernandez, marquant le véritable coup d’envoi de l’après-Jonathan Anderson. Fondateurs de Proenza Schouler en 2002, les deux Américains ont imposé en vingt ans une mode conceptuelle, sharp et épurée, incarnée par des muses aussi cultes que Chloë Sevigny. Après avoir quitté la direction artistique de leur propre label en janvier, ils s’apprêtent à ouvrir un nouveau chapitre, celui d’une maison espagnole devenue phénomène mondial sous l’impulsion de leur prédécesseur. Entre six collections par an et zéro droit à l’erreur, la mission est claire : réinventer Loewe.

Jack McCollough and Lazaro Hernandez (Photo by Marleen Moise/Getty Images)

Maison Margiela : l’alchimiste Glenn Martens

Samedi, tous les regards se tourneront vers Glenn Martens et son premier défilé prêt-à-porter pour Maison Margiela, maison mythique de la déconstruction. Le Belge né à Bruges succède à John Galliano et devra jongler entre radicalité et accessibilité, audace et élégance. Son premier défilé haute couture en juillet fut déjà remarqué. Le diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers a bien démontré sa capacité à savoir transformer chaque silhouette en œuvre d’art, tout en préservant l’âme expérimentale qui fait la signature de Margiela. Samedi, ce sera la confirmation.

Glenn Martens

Balenciaga : élégance is back

Samedi également, mais en fin de journée, Pierpaolo Piccioli fera son entrée triomphale chez Balenciaga. À 58 ans, l’Italien prend le relais de Demna et hérite d’un défi colossal : donner un nouveau souffle tout en honorant l’héritage de Cristóbal Balenciaga. Fort de sa longue expérience chez Valentino, Piccioli mise sur une élégance subtile et accessible, capable de séduire un large public, tout en gardant un œil sur le pragmatisme commercial.

Pierpaolo Piccioli (photo by David Sims)

Jean Paul Gaultier : le choc Lantink

Il faudra aussi être, dimanche après-midi, au premier défilé du « nouvel enfant terrible de la mode »… Duran Lantink reprend donc les rênes de Jean Paul Gaultier après plusieurs années sans directeur artistique unique dans la maison. À 37 ans, le Néerlandais devrait insuffler son énergie radicale, impertinente et ludique, fidèle à l’esprit audacieux de son fondateur. Upcycling, créations singulières, silhouettes sculpturales : chaque pièce promet ! Attention, car sa réputation le précède. Ses coups d’éclat, du « pantalon vagin » aux faux seins en silicone, en passant par le slip à poche, annoncent un show qui devrait faire sensation.

Duran Lantink (Photo by Stephane Cardinale - Corbis/Corbis via Getty Images)

Chanel : minimalisme x mythique

Last but not least, lundi, veille de clôture de cette semaine de tous les défis, Matthieu Blazy, ex-Bottega Veneta et prodige du minimalisme, prendra les commandes de Chanel. Sa mission : réinventer l’intemporel au cœur du tweed iconique. Un pari historique, digne du précédent grand outsider de la maison : Karl Lagerfeld en 1983.

À suivre, également, les premières fois de : Peter Copping chez Lanvin, de Julien Klausner chez Dries Van Noten, de Haider Ackermann chez Tom Ford, de Mark Howard Thomas chez Carven, de Michael Rider chez Celine, de Sean McGirr chez Mc Queen…