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Animation 3D : Kinetix veut rendre la création accessible via IA

Dans le cadre des 5 ans de la French Touch, le mouvement des industries culturelles et créatives françaises, découvrez une série de portraits d’entreprises innovantes, ayant bénéficié d’outils de son continuum de financement. Dans cet article, découvrez comment Kinetix révolutionne l’animation 3D. Grâce à l’intelligence artificielle, cette startup innovante permet de créer des animations à partir de vidéos ou de descriptions textuelles, simplifiant des processus de production complexes.

Temps de lecture

8 min

FT Yassine Tahi

Yassine Tahi, fondateur de Kinetix

 

La multiplication des mondes virtuels et leur expansion a créé un besoin exponentiel de solutions plus accessibles, pour créer du contenu 3D. C’est à ce croisement, entre technologie de rupture et création artistique, que nous retrouvons Kinetix, startup innovante spécialisée dans l’innovation 3D fondée en 2020 par Yassine Tahi, lui-même grand amateur de jeu vidéo et de films animés : de la capture de mouvements simplifiée à la révolution du secteur de l’animation en trois dimensions, il n’y a qu’un pas.

Extraire automatiquement des mouvements en 3D à partir de vidéos est désormais possible avec Kinetix

Donner vie à des personnages 3D est un processus technique et coûteux. Dans les secteurs du jeu vidéo, du cinéma d’animation, de la réalité virtuelle ou augmentée, des médias et dans l’industrie du divertissement au global, la « mocap » (motion capture, ou capture de mouvement) suggère plusieurs dispositifs :

- L’utilisation de marqueurs (soit réfléchissants : ils sont placés sur le corps de l’acteur, les mouvements sont captés par des caméras infrarouges, soit actifs : des marqueurs lumineux ou LED sont utilisés),

- De suites de capture de mouvement (des costumes spéciaux équipés de capteurs – gyroscopes, accéléromètres, magnétomètres - sont portés par les acteurs),

- De caméras multiples (un ensemble de caméras haute vitesse est disposé autour de l’espace de capture pour enregistrer les mouvements des marqueurs ou des capteurs placés sur l’acteur),

- D’un logiciel de traitement (les données capturées par les caméras, capteurs ou marqueurs, sont traitées dans des logiciels 3D spécialisés),

- D’un environnement contrôlé (la capture de mouvement se déroule généralement dans un studio spécialement aménagé avec un éclairage adapté et un espace dégagé pour permettre aux acteurs de se déplacer librement, ou peut aussi se faire en extérieur dans certaines conditions).

Exemple de capture de mouvement traditionnelle : le joueur de hockey Ryan Kesler est filmé le 16 juin 2009 au César Palace de Las Vegas, Nevada, pour le jeu « NHL 2K10 », sorti le 15 septembre 2009 sur PlayStation 2, PlayStation 3, Xbox 360 et jeux de Wii.

 

Kinetix souhaite révolutionner ces procédés, rendre l’animation 3D accessible à tous grâce aux technologies d’IA, donner la possibilité aux créatifs à travers le monde de pouvoir raconter leurs histoires avec un format 3D plus engageant, sans recourir aux systèmes traditionnels, plus coûteux.

Sur le marché de l’animation, cette start-up se distingue par sa capacité à extraire automatiquement les mouvements à partir de vidéos classiques en 2D - qui ne nécessitent pas non plus d’avoir recours à du matériel avancé ou des studios spécialisés, une caméra de smartphone suffit – et de les convertir en animation 3D via la plateforme. Celle-ci est exploitable sur l’ensemble des logiciels de modélisation et moteurs de jeu du marché tels que Maya d’Autodesk, Unreal Engine d’Epic Games, ou Unity. Elle s’adresse aux créatifs des secteurs du jeu vidéo, du cinéma d’animation, des médias (Kinetix a déjà expérimenté sa solution au sein des rédactions du Groupe TF1, incorporant de l’animation 3D à visée pédagogique aux contenus d’information des plateaux des JT), mais aussi de la réalité augmentée ou réalité virtuelle, leur permettant de générer et modifier simplement et rapidement l’animation 3D directement sur leur navigateur.

La solution repose sur des algorithmes d’intelligence artificielle, notamment du deep learning (apprentissage profond) et de la computer vision (vision par ordinateur), qui permettent de prédire les positions du squelette 3D de l’acteur, d’identifier précisément les articulations et les mouvements, de reconnaître les objets et de détecter les visages, tout ceci pour aboutir à une animation fluide et réaliste. L’outil permet également de générer une vidéo en animation 3D à partir de descriptions textuelles, à la manière des textes générés par Le Chat de Mistral IA , de ChatGPT d’OpenAI, ou de DeepSeek à partir d’un prompt.

Kinetix - Transformation d'une vidéo de backflip en animation 3D appliquée à un personnage stylisé

Kinetix - Transformation d'une vidéo de backflip en animation 3D appliquée à un personnage stylisé

Motion capture (capture de mouvement) sans capteurs : des défis techniques et commerciaux à surmonter

Pour construire « la plus grosse base de données de mouvements humains en 3D » selon le CEO, les équipes de Kinetix ont passé plusieurs années à collaborer avec des athlètes, danseurs, acrobates, des personnes aux morphologies atypiques, pour capturer des mouvements divers et complexes, pour que les utilisateurs de l’outil puissent multiplier les cas d’usage.

Restait un autre point primordial à débloquer : celui de la qualité. Selon le chef d’entreprise passé par le conseil en stratégie, principalement pour des fonds de private equity, avant d’intégrer le programme Entrepreneur First (un programme visant à aider les individus à bâtir une entreprise innovante, ndlr), transformer de la vidéo en animation est une chose possible depuis plusieurs années déjà (six ou sept ans selon l’intéressé), mais les outils disponibles n’avaient encore jamais réussi à atteindre le niveau de qualité des travaux produits par des animateurs professionnels. Il fait le parallèle avec ChatGPT, un outil dont le premier modèle a été présenté en 2018, mais qui n’est réellement utilisé que depuis son lancement en 2022, lorsque que les LLM (large language model, ou grand modèle de langage) ont connu une percée sur la qualité. « Nous commençons à avoir une maturité qui permet à une typologie de créateurs de pouvoir mettre en production, c’est un travail toujours en cours. »

A l’heure actuelle, Kinetix vend sa technologie sous licence à des géants de l’industrie, telles qu’Adobe ou Unity. « Bpifrance et la French Touch nous ont aidés sur les volets Deeptech et recherche pour construire le cœur algorithmique, et les volets produit et intégration, pour arriver vers de la commercialisation », nous détaille-t-il, lui-même conscient de l’importance d’être soutenu dans ce type d’aventure entrepreneuriale, ayant participé à lancer un fonds de Venture Capital pour la Caisse de Dépôt et de Gestion marocaine, permettant à des entrepreneurs d’être financés.

De nouvelles perspectives créatives dans l’industrie du divertissement

Pour résumer, grâce à son modèle d’IA, Kinetix simplifie le processus de production, démocratise l’accès à l’animation 3D de haute qualité, et encourage une nouvelle forme de narration visuelle. En cassant les barrières technologiques, elle ouvre de nouvelles perspectives créatives dans l’industrie du divertissement.

L’intelligence artificielle est-elle désormais la meilleure alliée des créatifs ? L’entrepreneur nuance : « Unity, Maya, Blender, Photoshop, Adobe After Effects : les créatifs ont tous des outils traditionnels, de référence, sur lesquels ils travaillent, qui permettent de faire de l’editing (processus de modification et d’amélioration d’un contenu, ndlr) et donnent de la contrôlabilité. L’IA vient permettre de nouvelles choses, et c’est encore balbutiant, notamment car elle ne permet pas toujours un contrôle très fin du résultat final : l’artiste peut avoir quelque chose de précis en tête, mais ce n’est pas forcément ce qui va sortir avec de l’IA. Tant que ce contrôle ne sera pas possible, avec un niveau de qualité supérieure, et sans toucher aux droits de protection notamment sur l’entraînement des données, on ne pourra pas dire que l’IA sera toujours la meilleure solution. Donc je ne crois pas que ce soit forcément le meilleur outil des créatifs, cela dépend des attentes, et du secteur. Je crois plutôt à une combinaison entre des procédés traditionnels et de l’IA, où celle-ci va venir faciliter la création de certains morceaux d’une création, pour aider le créatif à faire aboutir ce qu’il a en tête. »

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