Charlotte Wells : « Recevoir le Prix French Touch au festival de Cannes est un immense honneur »
En compétition à Cannes en mai dernier, Aftersun, le premier long métrage de Charlotte Wells vendu à l’international par Charades, a été récompensé par le Prix French Touch décerné par le jury officiel de la Semaine de la Critique. La réalisatrice écossaise revient sur le processus de création de son film. L’interview fut menée en anglais et les propos de la cinéaste ont été traduits en français. La French Touch : Vous avez gagné le Prix French Touch à Cannes en…
En compétition à Cannes en mai dernier, Aftersun, le premier long métrage de Charlotte Wells vendu à l’international par Charades, a été récompensé par le Prix French Touch décerné par le jury officiel de la Semaine de la Critique. La réalisatrice écossaise revient sur le processus de création de son film. L’interview fut menée en anglais et les propos de la cinéaste ont été traduits en français.
La French Touch : Vous avez gagné le Prix French Touch à Cannes en mai dernier, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
CW : Il s’agit d’un immense honneur, j’ai été très surprise. Recevoir le Prix French Touch à la fin du festival de Cannes a été très spécial pour moi, ça été une soirée et un moment très particulier. Je suis incroyablement reconnaissante.
LFT : En gagnant ce prix, vous remportez également 8000 euros, que comptez-vous faire de cette somme ?
CW : Cela va me donner le privilège de faire une petite pause après Cannes, de prendre le temps de réfléchir à mon prochain projet. Grâce au Prix French Touch, je pourrai songer tranquillement à mon prochain film, sans précipitation.
LFT : Savez-vous quel genre de film vous souhaitez réaliser à l’avenir ? Préfériez-vous adapter un livre sur grand écran ou produire un scénario original ?
CW : Je suis ouverte aux deux possibilités. J’aime beaucoup l’idée d’adapter un livre, le défi que cela peut représenter d’adapter le travail de quelqu’un d’autre. Je pense que mon prochain film sera un travail original, mais si entre temps je suis inspirée par un livre, je serais prête à changer mes plans. Je suis curieuse de découvrir si cela est plus facile ou plus difficile.
« L’écriture est toujours la partie la plus longue et sinueuse du processus de création »
LFT : Combien de temps avez-vous passé à créer votre film Aftersun ?
CW : C’est en 2015 que l’idée du film m’est venue. D’un côté j’ai le sentiment que cela représente toute une vie ou du moins une portion significative de ma vie, mais d’un autre côté le processus d’écriture n’a réellement commencé qu’en 2019. L’écriture est la partie la partie la plus longue et la plus sinueuse du processus de création.
LFT : Pourquoi considérez-vous cela comme la partie la plus compliquée ?
CW : Le processus d’écriture n’est pas aussi facile qu’il n’y parait, vous ne faites pas qu’écrire sur un ordinateur, l’essentiel se déroule dans votre tête : vous réfléchissez énormément et c’est épuisant. Cela demande beaucoup de discipline, il faut savoir se poser longuement. Je trouve que c’est la partie la plus difficile mais c’est également très amusant quand vous voyez apparaitre sur les pages quelque chose auquel vous n’aviez pas pensé, et que vous vous laissez surprendre par votre imagination.
LFT : A contrario, quelle est la partie du processus de création que vous préférez ?
CW : La production et la préparation. La semaine qui précède à la production est toujours géniale car c’est à ce moment que vous commencez à ressentir l’esprit de camaraderie. Ce sont des étapes collaboratives, chacun transforme ma vision du film et la rend meilleure. J’accorde énormément d’importance à la relation que j’entretiens avec mon directeur de la photographie, nous sommes de très bons amis, nous avons étudié à la même école de cinéma. Je repense aux semaines de production durant lesquelles nous parlions des visuels du film et de comment nous allions les tourner, ce sont les moments les plus satisfaisants au cours de la production. Nous avions des conversations autour de la manière de raconter l’histoire visuellement sans passer par les dialogues, en utilisant simplement la caméra pour communiquer un sentiment ou un point de vue.
« Les acteurs sont ceux qui donnent vie au scénario »
LFT : A l’avenir, voulez-vous travailler avec des acteurs en particulier ?
CW : Il y a beaucoup d’acteurs dont j’admire le travail. Pour moi, tout commence avec l’histoire et le reste suit, c’est un processus intéressant. Pour Aftersun, nous avions deux acteurs très différents : Frankie Corio, une jeune fille que nous avons découverte sur plus d’une centaine d’enfants et Paul Mescal qui s’est déjà construit une solide réputation dans l’industrie. J’aime l’association d’une personne très peu expérimentée face à une caméra et de celle ayant davantage d’expérience, on les voit apprendre l’un de l’autre. Travailler avec deux acteurs adultes et professionnels m’intéresse également, je pense qu’il s’agirait d’une situation très différente puisque les acteurs sont ceux qui donnent vie au scénario.
LFT : Quels films vous ont influencée dans la création de Aftersun ? Y-a-t-il des films français parmi eux ?
CW : Il y en a plusieurs ! Au tout début du processus, je me souviens avoir pensé à Tomboy de Celine Sciamma, à Somewhere de Sofia Coppola, et à Alice in the Cities de Wim Wenders. Durant la création du film, j’ai regardé énormément de longs-métrages différents, mon temps de visionnage devenait exponentiel et ils ont également commencé à avoir de l’influence sur mon travail. La France regorge de nombreux réalisateurs acclamés et impressionnants, qui ont eu un impact sur moi en tant que réalisatrice et artiste. Tomboy en est un par exemple. J’adore également Nenette et Boni de Claire Denis.
« Je me sens très chanceuse puisque mon film sera visionné dans plusieurs pays à travers le monde »
LFT : Financer un premier film n’est pas toujours évident, avez-vous rencontré des difficultés pour subventionner le vôtre ?
CW : J’ai une bonne étoile puisqu’en Grande-Bretagne il existe des organismes de financement public qui soutiennent les jeunes artistes. Mon producteur venait de travailler précédemment sur un projet en collaboration avec la BBC, ils étaient alors les premiers partenaires du projet. Puis le BFI (British Film Institute) a été le deuxième partenaire du film. J’étais très chanceuse de bénéficier de ces deux soutiens.
LFT : Savez-vous quand le film sera diffusé à travers le monde ?
CW : Pas encore ! Nous sommes en train de prévoir cela avec des distributeurs. Nous avons déjà vendu les droits de distribution à plusieurs pays : au Royaume-Uni, dans plusieurs pays Européens et en Amérique du Nord. Je me sens très chanceuse puisque mon film sera visionné dans plusieurs pays à travers le monde. C’est une histoire qui parle à tout le monde et je suis intriguée par la manière dont l’histoire sera perçue par chacun.
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