« Quand nous avons commencé il y avait 20 000 morceaux qui sortaient chaque jour sur les plateformes de streaming, aujourd’hui il y en a près de 140 000 » expose Romain Palmieri, cofondateur et CEO de Groover. Un chiffre qui illustre les transformations profondes que le marché de la musique a connu ces dernières années. Celui-ci est sans conteste porté par l’hégémonie de l’écoute à la demande, qui a largement dépassé les autres formes de consommation musicale comme le téléchargement et la vente en ligne, et constitue désormais la principale source de revenus de l’industrie. Le streaming a profondément modifié la chaîne de rémunération des artistes, mais aussi la manière dont ceux-ci gèrent leur visibilité.

Comment les artistes peuvent-ils s’adapter à ce nouveau paradigme, se concentrer sur la création musicale tout en assurant leur promotion auprès des professionnels de l’industrie et le lien avec leurs fans ? C’est là toute l’ambition de Romain Palmieri et la mission de Groover, restées intactes depuis la création de la société en 2018 : offrir aux artistes du monde entier des solutions innovantes en matière de promotion, de développement et d’engagement avec leurs audiences. « Notre mission a toujours été d’aider les artistes indépendants à faire entendre leur musique. Avec Temple by Groover, nous franchissons une nouvelle étape en ce sens », témoigne l’entrepreneur.

Groover, une plateforme conçue pour aider les musiciens à se développer

Fondée par Romain Palmieri, Dorian Perron, Rafaël Cohen et Jonas Landman, alors sur les bancs de l’université californienne UC Berkeley, Groover est un outil de promotion musicale qui permet aux artistes d’envoyer leur musique à des curateurs et acteurs de visibilité que sont les playlists, radios, influenceurs, journalistes, blogs, chaînes YouTube et Twitch, pour obtenir des relais de promotion. Mais aussi à des partenaires potentiels comme des labels, des bookers, des éditeurs et des managers. Ou encore à des coachs et mentors, qui ont la possibilité de laisser un avis sur les productions soumises. Avec une communauté de 650 000 artistes et plus de 3 500 curateurs actifs dans plus de 180 pays, Groover change les codes de l’industrie et redéfinit la promotion musicale, avec une approche centrée sur les besoins de l’artiste (artist-first).

Groover répond à une forte tendance de marché : il y a de plus en plus de contenu partagé sur les plateformes de streaming. Et ce phénomène va continuer de s’accentuer, notamment avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Mais dans le même temps, le besoin des artistes indépendants de toucher les bonnes niches et les bons contacts, pour promouvoir leur musique auprès de la bonne audience, et gagner en visibilité de manière transparente et efficace, demeure, et c’est à ce besoin que l’entreprise, dès ses débuts, répond. « C’est un travail continu, qui consiste à explorer les tendances de l’industrie musicale et comprendre les facteurs qui font qu’un artiste se développe bien, gagne en audience, en visibilité et engage ses fans. Ensuite nous nous y adaptons, en trouvant les bons curateurs et contacts qui répondent à ses besoins. Par exemple, au début du projet en 2018, la croissance des artistes venait beaucoup des blogs et des chaînes YouTube. Puis à partir de 2020, ce sont davantage les playlists indépendantes sur les plateformes telles que Deezer ou Spotify qui ont pris de l’importance et ont permis de gagner en nombre d’écoutes. En toile de fond, nous avons toujours effectué un travail sur les réseaux sociaux, Instagram ou plus récemment TikTok, qui sont des leviers de croissance incontournables pour les artistes », détaille l’entrepreneur.

Du côté des curateurs que sont par exemple les blogueurs, les médias ou les radios, Groover permet de répondre à une nécessité : le besoin d’écouter et de dénicher de nouvelles pépites en permanence, reste le même. Mais à cette attente vient se greffer un problème récurrent : les professionnels de l’industrie reçoivent énormément de sollicitations, beaucoup trop pour les filtrer eux-mêmes efficacement. Il leur faut donc un outil pour cela, pour faire une pré-curation, ce qui est rendu possible grâce à la plateforme. Les artistes, via un système payant, peuvent y présélectionner les contacts pertinents, avant de leur envoyer leurs musiques.

Temple by Groover : une suite d’outils direct-to-fan pour les artistes indépendants

Sans hésiter selon son CEO, l’un des principaux enjeux de développement de Groover pour poursuivre sa mission et rester pertinent, sera de compléter l’offre de service pour les artistes indépendants. D’une solution de partage de musique à des curateurs, l’outil tend en effet à devenir davantage une plateforme tout-en-un et intègre désormais des solutions de coaching musical, ou encore d’aide à la préparation de la sortie d’un morceau, via la rédaction de bios ou l’accompagnement dans la gestion des réseaux sociaux par exemple. Sans oublier une nouvelle dimension, devenir nécessaire à la plateforme : la construction et la fidélisation de communauté de fans.

L’acquisition de Temple, qui marque une étape majeure dans la croissance de Groover, s’insère dans cette démarche. Cette music tech britannique en forte croissance, vise à fournir aux artistes des outils innovants et simples d’utilisation pour transformer leurs auditeurs en fans fidèles, et maximiser l’impact de chaque sortie. Fondée en 2021 par Omar Ismail et Sam Milar, Temple développe des outils tels que des micro-sites personnalisables dont le lien peut par exemple être ajouté dans un compte Instagram (microsites link-in-bio, permettant aux artistes de mettre en avant leur musique, leur merchandising, leurs concerts, leurs vidéos et leurs réseaux sociaux au même endroit), des outils de messagerie et de collectes de donnée des fans (un CRM utile à la fois pour collecter les adresses mails et numéros de téléphone pour communiquer directement avec les fans et atteindre de nouveaux auditeurs) et des fonctionnalités publicitaires.

Grâce à ce rachat, la plateforme enrichit sa solution direct-to-fan (relation directe avec les fans) et consolide sa place de portail majeur de l’industrie musicale, où les créateurs ne se contentent pas de trouver une audience mais détiennent aussi les clés pour la construire et entretenir le lien avec celle-ci. Un enjeu d’autant plus fort pour des auditeurs qui souhaitent suivre leurs artistes favoris pour mieux s’identifier à eux. Conscient de cet objectif, le CEO conclut : « l’enjeu principal de Groover sera toujours de rester au plus proche des artistes indépendants et de leurs besoins, d’être à l’écoute de leurs demandes. Tout ce que l’on fait va dans le sens de créer plus de valeur pour l’artiste. » La startup n’a sûrement pas fini d’enrichir sa partition.

L'entreprise Groover a bénéficié du soutien du fonds Tech&Touch

Le fonds Tech & Touch, déployé par Bpifrance et la French Touch, est un fonds de capital amorçage et de capital risque destiné aux startups des industries culturelles et créatives. Financé dans le cadre du plan France 2030 et piloté par le Secrétariat général pour l'Investissement, en lien avec le Ministère de l'Economie et des Finances, le Ministère de la Culture, la Banque des Territoires et l'IFCIC, il investit dans des sociétés alliant créativité et innovation technologique. Il réalise des investissements directs minoritaires (Pré-Seed à Série C) dans des startups culturelles et créatives et des investissements indirects (fonds de fonds). Tech & Touch couvre divers secteurs culturels en France, incluant les enjeux de transformation et d'innovation tels que l'IA, la VR, la blockchain ou encore l'industrie 4.0.