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Elisha Karmitz : « Chez mk2 on veut que le spectateur nous choisisse pour nos valeurs et notre engagement dans le débat public »

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Mk2 bibliotheque

À l’occasion de la deuxième édition de We Are French Touch, Elisha Karmitz, directeur général de mk2 a présenté le projet de l’hôtel Paradiso. L’occasion de revenir sur les valeurs qui caractérisent le groupe et guident ses activités depuis sa fondation il y a bientôt cinquante ans.

La diversification des activités est un vrai enjeu pour les salles de cinéma. Comment s’inscrit-elle dans l’histoire de mk2 ?

Mk2 est d’abord une société qui porte des valeurs. Elle a été créée le 1er mai 1974 avec l’ouverture d’une première salle, place de la Bastille, qui s’appelait le 14 juillet. Cela donne une petite idée du programme des cinquante années suivantes ! Marin Karmitz (le père d’Elisha Karmitz, fondateur du groupe mk2, ndlr) s’installe avec François Maspero, l’un des grands libraires de l’époque, spécialiste de la littérature engagée et politique. Il développe alors un concept de lieu de vie. Le cinéma est vecteur pour réanimer un quartier : ouvert tous les jours, du matin au soir, il amène de la lumière dans la ville et s’adresse à tout le monde. C’est d’abord cette fonction urbanistique et sociale, avant l’aspect financier et économique qui nous guide. Créer des lieux de vie a toujours été dans notre ADN. C’est sincère et non le résultat d’une analyse marketing.

“ Aujourd’hui le débat public a du mal à exister ”

Aujourd’hui, on voit toutes les grandes marques créer leurs lieux de vie. Un concept que votre père portait déjà en 1974. Comment expliquez-vous cela ?

Il est juif, né en 1930 en Roumanie et immigre en France en 1947. Il fait donc partie de cette génération qui a vu le monde s’effondrer sous ses pieds. Celle qui a grandi dans l’idée de reconstruire ce monde, avec, à l’époque, l’émergence de nouveaux théâtre, journalisme ou cinéma… Mk2 nait en même temps que Libération par exemple. C’est une époque portée par l’envie de créer un monde nouveau axé sur l’idée de la liberté et des libertés. Le cinéma et mk2 ont été les véhicules pour participer à cette révolution culturelle.

Comment réagissez-vous à votre tour devant le contexte politique et sociétal actuel ?

La montée de la radicalité et d’une certaine forme de fascisme ne datent pas d’hier. J’avais 18 ans lorsque Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour de l’élection présidentielle. Nous avons donc développé mk2 Institut en 2020, un espace de débat sur les questions de société. Ce sont 300 à 400 conférences organisées à ce jour avec les plus grands intellectuels français et européens. Des auteurs, des réalisateurs, des philosophes… Un espace de débat sain et d’écoute où l’on ne cherche pas la polémique. On voit bien qu’aujourd’hui le débat public a du mal à exister.

“ Nous avons été l’un des premiers acteurs à nous positionner sur le secteur de la VOD ”

Vous avez ensuite fondé la plateforme mk2 Curiosity. Dans quel intérêt ?

Mk2 Curiosity est né du confinement. Nous avons été l’un des premiers acteurs à nous positionner sur le secteur de la VOD. On a eu envie d’y revenir, mais sous un autre angle. Le confinement a créé l’opportunité. Dès les premières semaines, une plateforme offrant gratuitement une petite sélection de films a été bricolée. L’adhésion a été forte. On a donc pérennisé le projet en suivant le modèle dit d’AVOD (Adversiting Video On Demand). De nouveaux services vont prochainement voir le jour, comme une offre d’abonnements. Puiser dans des catalogues de films moins connus, c’est une façon aussi de s’inscrire dans le débat actuel sur la sobriété. L’audiovisuel doit-il principalement être structuré par de la nouveauté ?

Avez-vous d’autres projets de diversification ?

Depuis plusieurs années, mk2 investit dans les technologies immersives. C’est un secteur sur lequel on souhaite revenir fort l’an prochain, avec de nouveaux concepts, lieux et projets.

La finalité est-elle de faire revenir le spectateur dans les salles ?

En 2019, avant la crise des gilets jaunes, nous avons mis en place un tarif de billet d’entrée à 4,90 € pour les moins de 26 ans, afin de répondre à une nécessité que la crise du Covid-19 a mise à jour lorsqu’on a vu des files d’étudiants se présenter devant les banques alimentaires. Comment peut-on demander à des jeunes qui n’arrivent pas à se nourrir de participer à un débat public qui sort de la conflictualité ? Encore une fois, nous souhaitons que le spectateur nous choisisse pour les histoires qu’on lui raconte, nos valeurs et notre engagement dans le débat public, et pour un combat de société à mener.

 

Genèse, stratégie et lancement. À l’occasion d’une masterclass sur le thème des nouveaux usages du cinéma, Elisha Karmitz a présenté le cas de l’Hôtel Paradiso. Retrouvez cet atelier en vidéo.

Photo :©mk2

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