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L’Iconique semelle rouge Christian Louboutin, une couleur pour entrer dans la légende

Des escarpins emblématiques, sublimés d’un rouge vif qui ne passe pas inaperçu. Des modèles de chaussures audacieux mais surtout une signature, une simple couleur devenue la marque de fabrique d’une maison mythique et de son créateur. Vous vous demandiez pourquoi les semelles des souliers Christian Louboutin étaient rouges ? Asseyez-vous, la French Touch vous raconte tout.

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FT Louboutin Bannière

crédit Instagram Christian Louboutin

Du musée au pied féminin, une passion pour les hauts talons

Christian Louboutin est né en 1963 à Paris, d’un père ébéniste et d’une mère femme au foyer, dans une fratrie dont il est le seul garçon. Vers 11 ans, alors que l’une de ses sœurs l’emmène régulièrement au Musée des arts océaniens et africains au Palais de la Porte Dorée (musée qui a fermé ses portes en 2003 et dont les collections présentées ont été transférées quelques années plus tard au musée du Quai Branly, ndlr), le jeune garçon remarque une pancarte représentant un escarpin barré en rouge. Les talons aiguilles pouvaient en effet être interdits au musée : leurs pointes très fines, réalisées en acier ou en métal pour garantir finesse et résistance, et bien que recouvertes de cuir ou de plastique, pouvaient aisément endommager les sols fragiles et notamment les parquets en bois ou les mosaïques historiques. Le souvenir de cette image constitue probablement l’un des éléments déclencheur de la vocation du créateur.

Quelques années après, Christian Louboutin décroche son premier emploi à la célèbre salle de spectacle parisienne des Folies Bergères (Paris) en tant qu’apprenti costumier et commence à concevoir des chaussures pour les danseuses de music-hall. Depuis les coulisses de cet univers burlesque qui mêle sensualité et extravagance, il renforce son intérêt pour la fabrication de souliers et décide de s’y consacrer entièrement. A 16 ans, en quête d’inspiration, il part pour l’Egypte puis pour l’Inde, d’où il revient les bras chargés de croquis de talons insolites. De retour à Paris au début des années 80, il intègre l’atelier de Charles Jourdan, chausseur français emblématique dont les escarpins et chaussures féminines élégantes sont réputées pour leur qualité. La marque est aussi connue pour ses campagnes publicitaires audacieuses jouant sur la sensualité implicite, la mise en scène suggestive et une esthétique cinématographique, des codes nouveaux pour l’époque. Christian Louboutin travaille également en tant que styliste spécialisé dans la chaussure pour de prestigieuses maisons comme Coco Chanel, Yves Saint Laurent ou Maud Frizon… mais surtout, il est un temps apprenti auprès de Roger Vivier. Ce designer français ayant travaillé pour Christian Dior est considéré comme l’inventeur moderne du talon aiguille. Il est plus largement connu pour avoir révolutionné la chaussure féminine en introduisant une dimension sculpturale et des formes audacieuses, et avoir créé des chaussures iconiques pour le New Look, style révolutionnaire lancé par Christian Dior après la Seconde Guerre Mondiale et caractérisé par une silhouette féminine ultra sculptée. Cet apprentissage auprès des plus grands mènera Christian Louboutin à fonder sa propre maison et à ouvrir sa première boutique à Paris, en 1991, surnommée « le boudoir » par ses clientes.

FT louboutin roger vivier

French shoe designer Roger Vivier in Paris, France, 1989. (Photo by Philippe Le Tellier / Getty Images).

 

Un geste spontané devenu signature visuelle

A l’ouverture de son premier magasin, Christian Louboutin jouit déjà d’une grande renommée. Parmi ses clientes les plus importantes, figure notamment la princesse Caroline de Monaco. Mais le créateur n’a pas encore, et probablement pas anticipé sa signature, cette semelle rouge reconnaissable entre mille : celle-ci surgit peu de temps après la création de sa marque.

En 1992 le chausseur, qui puise aussi ses inspirations dans l’art, travaille à l’élaboration d’une nouvelle ligne inspirée des non moins iconiques Flowers d’Andy Warhol, une série d’œuvres représentant des hibiscus stylisés en aplats de couleurs vives. Dans son atelier, il finalise les premiers prototypes et tente de se rapprocher de certains de ses propres dessins originels… mais demeure insatisfait : la silhouette fonctionne, mais l’ensemble reste terne à ses yeux.

Est-ce la personne qui essayait les souliers dans l’atelier ce jour-là qui se faisait les ongles ? Ou est-ce l’assistante qui s’accordait une pause pendant que le maître chausseur retravaillait sans cesse ses prototypes ? Toujours est-il qu’un vernis rouge était là devant lui : Christian Louboutin s’en saisit, s’empare de l’escarpin et en recouvre la semelle de rouge : le soulier s’en est trouvé transformé, embelli, sublimé. Il ne le sait pas encore, mais ce geste spontané donnera naissance à une signature innovante, qui deviendra la marque de fabrique hautement symbolique de la maison.

Car le rouge est loin d’être une couleur neutre : il incarne la passion, l’énergie vitale, mais aussi le danger, la transgression. Dans la mode, cette couleur est associée au luxe : comment ne pas évoquer le Rouge Dior, rouge à lèvre introduit dans les années 1950 par Christian Dior, et dont la teinte est devenue un symbole de glamour. Mais encore le rouge Valentino (Valentino Red) introduit par Valentino Garavani, grand couturier et fondateur de la maison éponyme dans les années 1960, et devenu la signature chromatique de la maison italienne. Le rouge est aussi plus largement un symbole de pouvoir, dont la symbolique remontant à l’Antiquité grecque est encore très présente à notre époque. En témoigne bien sûr, l’iconique tapis rouge du festival de Cannes, où les chaussures Louboutin sont d’ailleurs visibles chaque année aux pieds de nombreuses célébrités. Lors de l’édition 2025 du festival, la mannequin, actrice et chanteuse américaine Paris Jackson portait des escarpins du modèle So Kate, parfaitement accordés à sa robe Vivienne Westwood, lors de la première du film Honey Don’t (Ethan Cohen) .

Paris Jackson attends the "Honey Don't!" red carpet at the 78th annual Cannes Film Festival. Photo by Stephane Cardinale - Corbis/Corbis via Getty Images)

Bien plus que décoratif, le rouge attire le regard, il devient un signal visuel immédiat et affirme une présence qui peut aussi se retranscrire sur une chaussure, et servir la marque Louboutin d'un point de vue marketing. La semelle rouge agit en effet comme un logo intégré qui permet à la marque d’être identifiée et de se différencier. Mais aussi, cela permet à la maison de consolider son image et son message sur un marché où la réputation d’une marque est étroitement liée à la perception qu’en a sa clientèle, et plus largement le grand public. Conjuguez cela à un savoir-faire indéniable en matière de chaussure, et vous obtenez non pas un modèle mais une signature iconique, tout aussi iconique que son créateur.

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