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Les inspirations de Camille Thomas

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8 min

Camille Thomas

La violoncelliste sort un triple album en hommage à Chopin, dans lequel elle dévoile des adaptations inédites, avant de finir sur un subtil duo avec Jane Birkin qui sera le dernier enregistrement de la muse de Gainsbourg disparu le 16 juillet. De préludes en nocturnes, un disque qui donne envie d’écouter Chopin en boucle, mais aussi de se plonger dans l’univers de cette étonnante musicienne. À la veille d’un départ en vacances, Camille Thomas nous a confié ses inspirations du moment.

Ses vidéos de concert en solo sur les toits de Paris ont fait le tour du monde pendant le Covid. C’est encore vers une autre dimension que la célèbre violoncelliste franco-belge Camille Thomas nous embarque, avec la sortie de cette trilogie « The Chopin Project » chez Deutsche Grammophon. Un disque – évènement qui, en plus de nous relier à la musique de Chopin – « ma musique préférée au piano préférée » – nous fait découvrir une partie méconnue de son œuvre, les adaptations pour violoncelle par l’ami intime du compositeur, Auguste Franchomme.

Musicienne de talent, invitée à jouer sur des scènes prestigieuses, Camille Thomas se montre ici en conteuse hors pair. Avec ce triple album, elle tisse une histoire singulière qui nous emmène jusqu’au Japon en passant par la BNF… « C’est en fouillant dans l’œuvre d’Auguste Franchomme, à la Bibliothèque Nationale de France, que j’ai découvert que celui-ci avait arrangé énormément de pièces de Chopin pour le violoncelle, dit-elle. Ce n’est pas rien d’apprendre que Chopin ait autorisé son meilleur ami à se saisir de ses pièces ! En tombant sur ces partitions, représentant des heures et des heures de musique, j’ai ouvert la Boite de Pandore ! ». Et d’en composer un album réunissant l’intégrale de la musique de chambre de Chopin, ces fameux arrangements pour violoncelle et l’héritage de Franchomme lui-même.

Last but not least, l’album a été enregistré à l’aide d’un violoncelle avec lequel Franchomme a composé ses pièces en compagnie de Chopin. Un rare « Stradivarius Feuermann » fabriqué en 1730 qui a traversé les siècle, précieusement conservé aujourd’hui par la Nippon Music Foundation de Tokyo et prêté à la talentueuse Camille… L’album qui se finit sur la voix de Jane Birkin, interprétant – une ultime fois- « Jane B » écrit par Gainsbourg sur un prélude de Chopin, nous fait voyager loin, au-delà des notes, dans les secrets et les souvenirs de ce témoin hors du commun.

Romain Gary

Ses écrits me portent, me réconfortent, me donnent de l’espoir et le courage de continuer. J’ai lu tous ses livres et j’y reviens souvent. En particulier, l’un d’entre eux, « Le sens de ma vie », qui est la retranscription écrite de l’une de ses dernières interviews télé. Un de mes livres de chevet. Même si on sait qu’il a fini par mettre fin à ses jours, malgré sa tendance à la mélancolie et sa lucidité sur la condition humaine, il y a toujours, chez Romain Gary, une façon extrêmement politique et pleine d’amour de voir la vie. Il y parle des femmes et de l’amour qu’il leur portait. Ce très court livre (aussi édité en Poche ndlr) est le testament d’un des hommes les plus brillants. Il avait confiance dans le pouvoir de l’amour et dans la capacité de l’art à transmettre de la beauté et de l’espoir.

Sarah Bernhardt

Je l’adore et j’ai lu beaucoup de livres sur Sarah Bernhardt. Je conseille ses mémoires « Ma Double Vie ». J’ai beaucoup aimé l’exposition qui lui est dédiée au Petit Palais (jusqu’au 27 août prochain). Au point que dans ma salle de travail j’ai une affiche d’elle… C’est une femme qui a su inventer sa vie. Elle a vu sa vie en grand, elle était libre. Elle montre qu’on peut énormément créer avec son imagination et qu’il faut oser être soi. Et, puis, elle avait du panache. Avec elle, c’était un panache avec grâce ! Ce n’était pas une comédienne de théâtre qui avait une voix extraordinaire sur scène. Mais sa présence scénique dépassait tout le reste. Elle brulait de tout son être et donnait tout. Elle m’inspire par ce côté extrême et intense.

Les chanteuses de jazz afro-américain

Entre Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, Nina Simone me touche particulièrement pour son combat de femme engagée. Elle aurait aimé faire de la musique classique, mais à l’époque une femme noire ne pouvait jouer autre chose que du jazz. Elle a tout de même réussi, malgré une vie dure, à trouver sa voie. En particulier le titre « Tomorrow is my turn ». Ou encore « Wild in the wind », absolument sublime mais plus triste… Ce qui me touche particulièrement, et même m’en rapproche : Nina Simone est une femme qui donne de la joie et du peps. On peut danser sur sa musique, elle nous fait nous sentir plus vivant. Donc elle donnait énormément sur scène, et pourtant, c’est une femme qui a souffert.

Elle pose la question de cet antagonisme entre la scène et la réalité de la vie personnelle d’un artiste. Je compatis. Donner au public, c’est merveilleux. Mais il faut pouvoir trouver un équilibre. Il n’existe pas de grands artistes qui ne soient pas un peu brulés de l’intérieur… Parce que lorsqu’on est animé par le désir de donner et de transmettre, il y a forcément quelque chose d’un peu consommé. Le constater chez ces grands talents, cela m’émeut toujours beaucoup.

Alicia Keys

Je la connaissais peu avant de dévorer son livre « More myself » sur sa vie et justement son cheminement pour parvenir à être elle-même. C’est en étant vraiment authentique aussi que l’on touche les gens. Voilà la véritable générosité, la véritable sincérité. Et c’est un apprentissage. Quand on est jeune artiste, on peut se retrouver comme un peu dépassé, à ne pas vraiment oser faire confiance à son instinct. Alicia Keys raconte justement que son premier album « Falling » avait été refusé par sa maison de musique. Un album personnel, mais qui ne rentrait dans aucune case. Finalement elle a quitté cette maison, pour sortir l’album ailleurs, et on sait le succès que ce fut ! Elle est de plus en plus cette femme qui ose être elle-même.

Sakura à Tokyo

Cette année, en avril, j’étais à Tokyo pour seulement 24h. Par chance, c’était le moment des cerisiers en fleurs. Magique. J’ai pu en profiter, en me rendant dans un parc, près du Century Hall, dans le centre de Tokyo, le soir, puis très tôt le lendemain matin, afin d’admirer le spectacle. On aurait dit un jardin sous la neige. Une expérience presque mystique. Parce qu’aussi, pour les Japonais, c’est un moment clé. Tout le monde en parlait, me demandait « as-tu vu les arbres ? » C’est une culture où la nature est omniprésente et se partage. C’était fou, quelque chose de très fort.

Les toits de Paris

Paris pour moi, c’est les toits ! Il y a eu, pendant le confinement, les vidéos, très suivies, que j’ai faites en jouant du violoncelle sur mon toit. J’ai toujours habité sous les toits ! J’adore le romantisme du zinc gris de Paris. Je m’y sens bien, avec le sentiment d’être au-dessus de l’agitation parisienne et du stress qu’engendre une grande ville… J’habite juste en face du Sacré Cœur. Cette vue est mon ancrage. J’ai une affection particulière pour ce monument. Tout en pierre blanche, il reflète la lumière du ciel, et donc il change de couleur tout le temps. Je m’y sens chez moi. Et comme je voyage beaucoup, à chaque retour, j’ouvre la fenêtre. Il y a le Sacré Cœur et c’est beau.

La série turque « Club »

Dans mon avant-dernier album « Voice of Hope » le pianiste et compositeur turc Fazil Say m’a dédiée un concerto pour violoncelle et orchestre, « Never give up ». Grâce à lui j’ai un lien très fort à la Turquie. Je me rends beaucoup à Istanbul, à Ankara, à Bodrum ou encore, cette année, à Izmir… C’est ainsi que j’ai découvert la série turque « Club ». L’histoire de la Turquie racontée à travers la vie d’une mère et de sa fille. Les épisodes permettent de comprendre beaucoup de choses sur la Turquie d’aujourd’hui dont on n’entend pas forcément parler en ce moment. C’est une immense civilisation, et cette série m’a émue aux larmes.

 

« The Chopin Project », Camille Thomas, Deutsche Grammophon

Son actualité en concert :

  • Le 21 juillet à Sisteron le 21 juillet, Nuits de la Citadelle
  • Le 23 juillet à Aix en Provence, Grand Théâtre de Provence
  • Le 24 juillet à Marseille, Friche de la Belle de Mai

 

Pour en savoir plus : www.Camillethomas.com

 

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